À l’occasion de la Journée internationale de la biodiversité 2023, une nouvelle étude met en lumière les sérieuses conséquences socio-économiques de la pollution au mercure sur la biodiversité, la pêche et les moyens de subsistance. Le mercure, une substance extrêmement dangereuse ayant des effets néfastes sur l’homme et l’animal, présente des risques importants pour la santé et les écosystèmes.
L’étude intitulée "« Les impacts socio-économiques de la pollution au mercure sur la pêche et les moyens de subsistance : explorer comment une approche fondée sur le capital naturel peut contribuer à la mise en œuvre de la Convention de Minamata sur le mercure »" montre qu’il est urgent d’agir à tous les niveaux pour lutter contre les rejets de mercure anthropique dans l’environnement, en soulignant qu’il est important de comprendre les effets du mercure sur les populations de poissons, ainsi que les coûts sociaux, environnementaux et économiques associés à la pollution au mercure, qui sont souvent négligés.
Les effets du mercure toxique touchent les écosystèmes bien au-delà de ses sources d’origine, et s’étendent des forêts tropicales touchées par l’extraction artisanale et à petite échelle de l’or jusqu’aux profondeurs de l’océan, et des zones industrielles jusqu’au Haut-Arctique. Cette substance extrêmement dangereuse perturbe les fonctions essentielles des écosystèmes, telles que la fourniture de nourriture, la filtration de l’air et la purification de l’eau, ce qui a des répercussions sur les moyens de subsistance et la santé de millions de personnes, y compris les communautés autochtones qui jouent un rôle vital dans la sauvegarde de la biodiversité mondiale.
La consommation de poissons et de fruits de mer contaminés constitue l’une des principales sources d’exposition humaine au mercure. Certaines espèces en particulier, comme le thon, l’espadon et le bar d’eau douce, accumulent des niveaux élevés de méthylmercure, une forme très toxique de mercure. Chez certaines espèces de poissons, qui se trouvent généralement au sommet de la chaîne alimentaire, la concentration de méthylmercure peut être jusqu’à un million de fois plus élevée que dans l’eau environnante. Toutefois, les connaissances sur les effets précis du mercure sur les populations de poissons en termes de mortalité et de reproduction sont encore très lacunaires. Les impacts socio-économiques sur le secteur de la pêche, qui joue un rôle crucial dans la sécurité alimentaire et les économies locales, restent également mal compris et rarement quantifiés.
Il est prouvé que la pollution au mercure entraîne une réduction de la taille des stocks d’espèces de poissons commerciales, ce qui peut affecter la rentabilité de la pêche, mais il est difficile de déterminer ses effets spécifiques en raison du grand nombre d’autres facteurs de stress et du nombre limité de travaux de recherche. Néanmoins, plusieurs études menées dans les pays développés indiquent que les marchés du poisson sont affectés par les restrictions de pêche visant à prévenir l’ingestion de mercure par les consommateurs, et par une diminution de la demande de produits de la pêche de la part des consommateurs en raison d’une prise de conscience accrue des risques pour la santé associés à des concentrations élevées de mercure dans le poisson.
Les effets du mercure sur la pêche artisanale et les moyens de subsistance locaux vont également au-delà des effets sur la santé et comprennent d’autres coûts sociaux, environnementaux et économiques importants. Il est prouvé que la pollution au mercure a un effet sur la capture par unité d’effort par le biais d’une diminution globale de la taille des stocks d’espèces de poissons commerciales, ce qui peut avoir un impact substantiel sur la rentabilité de la pêche artisanale.
Pour résoudre ces problèmes, l’étude suggère de poursuivre le développement de cadres tels que le système de comptabilité économique environnementale (SCEE) afin de contribuer à une approche systématique visant à mieux cerner les effets naturels et monétaires de la pollution au mercure. La collaboration avec des plateformes telles que le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), les conventions relatives à la biodiversité et l’initiative The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB) peut contribuer à la gestion durable de l’environnement en intégrant les services écosystémiques et les approches fondées sur le capital naturel.
Cette étude s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par le secrétariat de la Convention de Minamata, en réponse à une décision de la Conférence des Parties, pour démontrer les liens entre la pollution au mercure et les incidences sur la biodiversité. Elle coïncide avec l’élaboration par le Secrétariat d’un rapport soulignant la contribution de la Convention de Minamata au Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, qui sera soumis à l’examen de la cinquième réunion de la Conférence des Parties (COP-5), prévue du 30 octobre au 3 novembre 2023 à Genève (Suisse). Pour des informations plus détaillées, le texte complet de l’étude sur les « Les impacts socio-économiques de la pollution au mercure sur la pêche et les moyens de subsistance », peut être consulté ici.