Convention de Minamata : sept ans de lutte contre le mercure toxique et son commerce

06 Sep 2024

Regardez notre vidéo anniversaire sur les problèmes urgents liés au mercure toxique, qui met un accent particulier sur la visite du secrétariat de la Convention de Minamata aux Philippines début juin.

Depuis la ratification de la Convention de Minamata sur le mercure en août 2017, les Parties à la Convention s’emploient à résoudre les problèmes urgents liés au mercure toxique. Ce produit chimique extrêmement dangereux, présent dans de nombreux secteurs allant des produits cosmétiques de blanchissement de la peau à l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or, présente de graves risques pour la santé humaine et l’environnement.

Lors d’une visite aux Philippines début juin, qui comprenait un atelier sur le commerce du mercure organisé par le secrétariat de la Convention, la Secrétaire exécutive Monika Stankiewicz a souligné l’importance des actions durables. « L’un des objectifs de nos travaux est de garantir que toutes les mesures que nous prenons et toutes les actions que nous menons aient réellement un effet durable », a-t-elle déclaré. « Il existe de bons exemples, comme l’élimination progressive des produits contenant du mercure ajouté, mais nous devons également reconnaître l’existence de certaines difficultés, comme l’application des réglementations nationales. Par exemple, des produits de blanchissement de la peau contenant du mercure continuent d’être disponibles sur le marché ».

Arlene Galvez, conseillère à l’Association des mineurs à petite échelle SAMACANO, aux Philippines, a souligné que le problème du commerce du mercure était un problème majeur : « tant qu’il y aura des vendeurs, il y aura des acheteurs », un point de vue auquel a souscrit Jam Lorenzo, spécialiste de l'élaboration des politiques et attaché de recherche chez BAN Toxics, qui a souligné qu’aux Philippines, « une grande partie du mercure qui entre dans le pays provient d’importations illicites sous forme de mercure élémentaire et de produits contenant du mercure ajouté, tels que les cosmétiques de blanchissement de la peau qui contiennent du mercure ».

L’un des principaux facteurs de la demande en mercure réside dans l’utilisation de ce métal pour l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or, l’une des principales sources anthropiques de pollution par le mercure. À l’échelle mondiale, 15 millions de mineurs travaillent dans l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or, dont 4 à 5 millions de femmes et d’enfants. 20 % de l’or extrait dans le monde provient de l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or, qui libère environ 2 000 tonnes de mercure dans l’environnement chaque année.

Lors de son séjour aux Philippines, le secrétariat a visité des sites d’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or sans mercure. Monika Stankiewicz a souligné l’importance du dialogue et de l’action à tous les niveaux : « Il a été très révélateur de visiter plusieurs sites et de discuter avec les mineurs et les communautés autochtones, et l’un des points que j’ai retenus est l’importance de disposer de cadres réglementaires nationaux, provinciaux et locaux appropriés ».

Cette visite a fait suite à la participation du secrétariat de la Convention au Forum mondial organisé dans le cadre de planetGOLD, un programme soutenu par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) pour aider les pays à mettre en œuvre la Convention de Minamata. Ludovic Bernaudat, gestionnaire de programme pour planetGOLD, a déclaré que planetGOLD entrait dans sa première phase. « Les huit premiers pays ayant participé au programme sont tous en train de terminer leur projet pour enfants au moment où nous parlons. À ce jour, nous pouvons affirmer que nous avons évité l’émission de 30 tonnes de mercure dans l’environnement grâce à ces huit pays. Nous avons formé directement quelque 17 000 mineurs, et toutes les étapes sont intégrées au programme pour que ces succès se poursuivent au-delà de la durée de vie du projet ».

Monika Stankiewicz a souligné que la participation des parties prenantes était vraiment essentielle au succès de conventions comme celle de Minamata, et a ajouté qu’il existait « un besoin particulier, dans le secteur de l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or, de faire participer les peuples autochtones et les communautés locales aux travaux, s’agissant à la fois de l’élaboration des plans d’action nationaux pour l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or et de leur mise en œuvre ».

Sarah Marie Pante-Aviado, chargée de l’information du gouvernement provincial de Camarines Norte, a souligné l’importance de la collaboration, notamment l’importance de « travailler honnêtement et en étroite collaboration avec les femmes, les peuples autochtones, les grandes exploitations minières et les jeunes. Le Plan d’action national élaboré au titre de la Convention de Minamata nous aidera à relier les efforts locaux au niveau national, ce qui facilitera la formalisation et la mise en œuvre ».

Alors que la communauté internationale continue de lutter contre la pollution par le mercure, les enseignements tirés de la visite aux Philippines soulignent la nécessité permanente de traduire les plans en actions durables et efficaces. Le succès de ces efforts de mise en œuvre dépendra de la capacité à adapter les stratégies à des contextes et à des besoins divers, les plans d’action nationaux jouant un rôle clé dans la conception des mesures à prendre sur le terrain.

La Secrétaire exécutive a conclu que « ces plans d’action ne devraient bien entendu pas être des documents à ranger dans un tiroir ; ils devraient s’appuyer sur les connaissances des mineurs, des peuples autochtones et des communautés locales. Ils doivent être adaptables et permettre aux autorités locales de trouver des solutions adaptées à leur situation particulière ».

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