La seizième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (COP-16 sur la biodiversité) s’est tenue du 21 octobre au 1er novembre 2024 à Cali, en Colombie.
Sur le thème « Faire la paix avec la nature », la COP-16 a constitué une étape importante dans l’action mondiale contre la perte de biodiversité. Il s’agissait en effet de la première Conférence des Parties consacrée à la diversité biologique depuis l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.
Lors de la session de clôture de la COP-16, qui s’est prolongée dans la matinée du 2 novembre, les Parties ont décidé de mettre en place un organe subsidiaire chargé de l’article 8 j) et d’autres dispositions de la Convention sur la diversité biologique afin que les peuples autochtones et les communautés locales soient amenés à conseiller plus étroitement les futures Conférences des Parties. Les Parties ont adopté un nouveau programme de travail relatif à l’article 8 j) et à d’autres dispositions concernant les peuples autochtones et les communautés locales. Le nouveau programme de travail vise à intégrer davantage les droits, les contributions et les connaissances des peuples autochtones et des communautés locales dans le cadre du Forum mondial sur la diversité biologique.
Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a déclaré : « Le nouvel accord sur l’article 8 j) constitue une avancée cruciale et nous engage à intégrer les connaissances et le rôle des peuples autochtones et des gardiens locaux dans l’ensemble de nos travaux de mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité ».
Pendant le segment de haut niveau de la COP-16, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a également exhorté le monde à prendre des mesures immédiates pour protéger la nature et renforcer les capacités des peuples autochtones et des communautés locales. « La paix avec la nature signifie la paix pour ceux qui la protègent », a-t-il déclaré.
Lors de la COP-16, les Parties à la Convention sur la diversité biologique ont approuvé un plan d’action mondial sur la biodiversité et la santé conçu pour contribuer à freiner l’émergence de maladies zoonotiques, prévenir les maladies non transmissibles et favoriser la durabilité des écosystèmes. Reconnaissant que la perte de biodiversité et les mauvais résultats en matière de santé résultent souvent de facteurs communs, tels que la déforestation, la pollution et les changements climatiques, le plan souligne qu’il est urgent de lutter contre ces menaces pour protéger à la fois les écosystèmes et l’être humain.
La COP-16 a été suspendue dans la matinée du 2 novembre, certaines décisions majeures restant à adopter, y compris les accords sur le suivi des progrès réalisés dans l’application du Cadre mondial de la biodiversité et la finalisation des efforts de mobilisation des ressources, tels que l’établissement d’un fonds dédié à la biodiversité. Il est prévu que la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité reprenne à une date ultérieure et dans un autre lieu pour aborder les points en suspens de l’ordre du jour. Malgré cette pause, la COP-16 a permis des avancées considérables vers la réalisation des 23 cibles fixées à l’horizon 2030 par le Cadre mondial de la biodiversité, y compris le renforcement des liens avec les travaux menés au titre d’autres accords multilatéraux sur l’environnement, parmi lesquels la Convention de Minamata.
Reconnaître que la pollution par le mercure est une menace pour la biodiversité
Lors de la COP-16, le Secrétaire exécutif de la Convention de Minamata a souligné les effets néfastes sur la biodiversité de la pollution par le mercure.
« La Convention de Minamata est unique en ce sens qu’elle est le seul accord multilatéral sur l’environnement à réglementer en partie les activités d’extraction minière d’or. Pas moins de 20 % de l’or commercialisé est issu de filières officieuses dont les méthodes d’extraction dépendent fortement du mercure, un polluant qui a de graves répercussions sur la santé humaine et la biodiversité », a déclaré Mme Stankiewicz.
« Il est essentiel de s’attaquer à ce problème à mesure que nous progressons dans les domaines de la lutte contre la pollution et de la protection de la biodiversité », a-t-elle ajouté.
Mme Stankiewicz a également souligné l’importance d’une approche mobilisant tous les segments de la société, de la création de nouveaux partenariats et de leur intégration dans les travaux de la Convention de Minamata.
Événements co-organisés par le Secrétariat de la Convention de Minamata
- Journée des forêts et de l’eau : cet événement d’une journée a porté sur la conservation et l’utilisation durable des forêts et des écosystèmes liés à l’eau. Le Secrétariat de la Convention de Minamata a dirigé une session sur l’importance de la mobilisation des parties prenantes pour garantir la gestion efficace et durable des écosystèmes liés à l’eau. À cette occasion, deux groupes de discussion ont examiné les approches visant à mobiliser l’ensemble des acteurs gouvernementaux et de la société, qui se trouvent au cœur du Cadre mondial de la biodiversité.
- Événement parallèle de la COP-16 : le rôle des produits chimiques et des déchets dans la protection de la biodiversité : en collaboration avec le secrétariat des conventions de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm, le Secrétariat de la Convention de Minamata a animé un débat sur la gestion rationnelle des produits chimiques et de leurs déchets afin d’enrayer la perte de biodiversité. Il ressort de cet événement parallèle qu’il convient d’adopter des approches intégrées en matière de gestion des produits chimiques dans le cadre des accords multilatéraux sur l’environnement.
Principaux événements et débats auxquels le Secrétariat de la Convention de Minamata a contribué
- Journée de la coopération : le Secrétariat de la Convention de Minamata, les organismes concernés des Nations Unies et d’autres parties prenantes se sont réunis à l’occasion de la Journée de la coopération, afin de renforcer la collaboration sur des questions d’intérêt commun en matière de gestion de la biodiversité et de la pollution. Cette journée a permis de souligner qu’il convient d’adopter une approche et des mesures communes pour mettre en œuvre les différents accords multilatéraux sur l’environnement, afin de protéger l’environnement et de trouver des solutions aux enjeux communs, y compris la pollution par le mercure.
- Événement parallèle de la COP-16 : engagement mondial en faveur d’un accord international sur la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement en minerais : le Secrétariat de la Convention de Minamata a contribué à un dialogue sur la traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement en minerais dans le cadre d’une initiative menée par la Colombie. L’utilisation du mercure dans l’extraction d’or et son incidence sur la santé humaine et la nature ont compté parmi les sujets abordés. Les intervenants ont partagé les moyens de promouvoir un approvisionnement responsable et une utilisation réduite du mercure dans l’exploitation minière, une pratique très dangereuse pour la biodiversité et la santé humaine.
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Dialogue avec le Secrétariat de la Convention de Minamata : Contamination au mercure dans le bassin amazonien : le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a organisé un dialogue en présentiel pour aborder la question de la pollution par le mercure en Amazonie et promouvoir la conservation de la biodiversité dans le respect des droits de l’homme. Des représentants de la société civile originaires de Colombie, du Brésil et du Pérou ont partagé leurs expériences et examiné des pistes de mesures communes pour lutter contre la pollution par le mercure, protéger la biodiversité et défendre les droits de l’homme, conformément au Cadre mondial de la biodiversité. Le Secrétariat de la Convention de Minamata a souligné ses efforts, notamment à l’égard des peuples autochtones, de l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or et des écosystèmes vulnérables.
Mettre en place une riposte mondiale à la pollution par le mercure
Ayant consolidé ses alliances, le Secrétariat de la Convention de Minamata est sorti de la COP-16 plus déterminé que jamais à faire face à la menace de la pollution par le mercure, en particulier dans les régions où la biodiversité joue un rôle vital, comme l’Amazonie.
« Les représentants des accords multilatéraux sur l’environnement peuvent et doivent parler d’une seule voix sur les questions qui nous concernent tous, en se mettant l’accent sur les populations touchées de manière disproportionnée par la perte de biodiversité et la pollution, y compris par le mercure », a déclaré Mme Stankiewicz.
La cinquième réunion de la Conférence des Parties à la Convention de Minamata sur le mercure (COP-5), qui s’est tenue en novembre 2023, a reconnu que la pollution par le mercure était un facteur direct de perte de biodiversité à l’échelle mondiale et que les possibilités de mise en œuvre de la Convention de Minamata et du Cadre mondial de la biodiversité se renforçaient mutuellement. La COP-5 a demandé l’intégration de la lutte contre le mercure dans les projets relatifs à la biodiversité, à la promotion de la recherche sur l’incidence du mercure et à la mise en correspondance des objectifs de réduction de la pollution par le mercure des stratégies nationales avec le Cadre mondial de la biodiversité. Elle a également constaté l’absence d’indicateurs relatifs aux produits chimiques très dangereux dans le cadre de suivi de Kunming-Montréal tout en invitant la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique à envisager d’en adopter. Enfin, elle a encouragé la diffusion d’informations et l’amélioration de la cohérence entre les accords environnementaux.
En outre, la COP-5 a adopté une décision sur les effets de la pollution par le mercure sur les peuples autochtones et les communautés locales dans la mise en œuvre des projets et programmes entrepris dans le cadre de la Convention, rappelant la pertinence de leur engagement dans les travaux visant à réduire et à éliminer l’utilisation du mercure dans l’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or. Dans une décision distincte sur cette question, la COP a encouragé les Parties et les parties prenantes à protéger et à renforcer les moyens d’existence traditionnels et les pratiques culturelles, et a demandé de nouvelles mesures dans le cadre de l’élaboration et de la mise en œuvre des plans d’action nationaux.